2ème Colloque des Philosophes : « D’où nous vient le goût de la vérité ? »

Francis BACON

L’homme, interprète et ministre de la nature, n’étend ses connaissances et son action qu’à mesure qu’il découvre l’ordre naturel des choses, soit par l’observation, soit par la réflexion ; il ne sait et ne peut rien de plus.

La main seule et l’entendement abandonné à lui-même n’ont qu’un pouvoir très limité ; ce sont les instruments et les autres genres de secours qui font presque tout, secours et instrument non moins nécessaires à l’esprit qu’à la main ; et de même que les instruments de la main excitent ou règlent son mouvement, les instruments de l’esprit l’aident à saisir la vérité ou à éviter l’erreur.

La science et la puissance humaine se correspondent dans tous les points et vont au même but ; c’est l’ignorance où nous sommes de la cause qui nous prive de l’effet ; car on ne peut vaincre la nature qu’en lui obéissant et ce qui était principe, effet ou cause dans la théorie, devient règle, but ou moyen dans la pratique.

F. Bacon (22 janvier 1561 à Londres – 1626 à Highgate), Novum organum, P.U.F., p.101