Il faut commencer par se persuader qu’il en est des phénomènes célestes comme de tous les autres. La connaissance de ces phénomènes, qu’on les considère en connexion avec d’autres ou en eux-mêmes, ne peut avoir qu’un but, l’ataraxie et une ferme confiance. (86) Ensuite, il ne faut pas vouloir faire violence à l’impossible lui-même, ni demander que la théorie de ces phénomènes soit en tout semblable à la discussion des différents genres de vies ou aux solutions claires que comportent des problèmes physiques d’un autre ordre, comme par exemple que l’univers se compose exclusivement des corps et de l’essence intangible, que les éléments sont insécables, et autres choses du même genre, dans l’étude desquelles on ne peut rester d’accord avec les phénomènes que par l’adoption d’une explication unique et seule possible. Cela n’a point lieu pour les phénomènes célestes. On peut, en restant d’accord avec les sensations, assigner à leur production plusieurs causes possibles et attribuer à leur essence plusieurs déterminations. Il ne faut pas en effet construire la physique en partant d’axiomes vides et de décrets arbitraires : il faut admettre seulement ce que réclament les phénomènes. (87) Car ce qu’il nous faut désormais pour la vie, ce ne sont pas des théories sans raison et des opinions vaines, mais c’est vivre sans trouble. Or nous nous assurons une sérénité inébranlable au sujet des choses qui s’expliquent par plusieurs hypothèses également en accord avec les phénomènes, en laissant dûment subsister tout ce qu’on a dit de probable sur ces phénomènes. Que si, au contraire, on laisse subsister telle opinion et qu’on en rejette une autre qui s’accorde également avec les phénomènes, il est clair qu’on quitte le domaine de la physique pour tomber dans celui de la mythologie. Les phénomènes qui ont lieu près de nous et que nous pouvons observer apportent des indices sur ceux qui s’accomplissent dans le ciel, et qui peuvent se produire de plusieurs manières. (88) On doit néanmoins observer l’aspect de chacun des phénomènes célestes et l’expliquer d’après ce qui s’y rattache, et dont on connaît déjà plusieurs manières possibles d’expliquer la production sans être contredit par les faits constatés près de nous.