• « Nous définissons la ’’machine de guerre’’ comme un agencement linéaire qui se construit sur des lignes de fuite. En ce sens, la machine de guerre n’a pas du tout pour objet la guerre ; elle a pour objet un espace très spécial, espace lisse, qu’elle compose, occupe et propage. Le nomadisme, c’est précisément cette combinaison machine de guerre-espace lisse. » (Gilles Deleuze, Pourparlers, Ed. Minuit, 1990, p. 50.)
  • « En quel sens la machine de guerre « n’a pas la guerre pour objet » [?]. L’ambiguïté d’où la machine de guerre tire son nom vient de ce qu’elle ne laisse pas de trace autre que négative dans l’histoire (Dialogues, p. 171). En témoigne le destin de toute résistance, d’être qualifiée d’abord de terrorisme ou de déstabilisation, puis de triompher amèrement, quand elle triomphe, en passant dans la forme de l’Etat : c’est qu’elle relève du devenir, du « devenir-révolutionnaire », et ne s’inscrit pas dans l’histoire (Pourparlers, pp. 208-209 ; Qu’est-ce que la philosophie ?, p. 106). » (François Zourabichvili, Le vocabulaire de Deleuze, Ed. Ellipses, 2003, p. 48.)
  • « Ce qui caractérise la machine de guerre est l’extériorité de son rapport à l’Etat. Consubstantiellement liée au nomadisme, à son déplacement (même sur place), à sa vitesse absolue (Mille plateaux, 1980, p.460), à son espace sans stries ni repères (ibid., p.477), la machine de guerre entretient en outre un rapport à l’invention du nombre « nombrant » (ibid., p. 482) et à l’activité d’une « pensée du dehors » (ibid., p. 467). » (Robert Sasso et Arnaud Villani, Le vocabulaire de Gilles Deleuze, Les Cahiers de Noesis n° 3, Printemps 2003, p. 354.)