« Deleuze a développé une philosophie de l’aformel et du flux, selon la métaphore du sable nouant et dénouant ses dunes, où toute forme est plissement, concrescence éphémère et libre, affectant un substrat conçu comme grouillement de singularités intensives. (…)

Si toute forme doit être pensée comme le pliage ou la « dune » d’un substrat aformel et lisse, il en résulte que le sujet ne peut plus être considéré comme un sub-jet préexistant, instance donnée a priori, mais au contraire, selon une expression que Deleuze emprunte à Whitehead, comme un super-jet, une instance seconde, produit d’un processus de subjectivation pliant pour un temps le substrat transcendantal. Aussi Deleuze définira-t-il l’individu comme « concentration, accumulation, coïncidence d’un certain nombre de singularités préindividuelles convergentes » (Gilles Deleuze, Le Pli, Leibniz et le baroque, Ed. Minuit, 1988, p. 85), soit encore comme une enveloppe : « le sujet n’est pas un sujet, c’est une enveloppe » (Gilles Deleuze, Pourparlers 1972 -1990, Ed. de Minuit,1990, p. 212). » (Mireille Buydens, « Espace lisse / Espace strié » in Le vocabulaire de Gilles Deleuze (sous la dir. Robert Sasso et Arnaud Villani), Les Cahiers de Noesis n° 3, Printemps 2003, pp. 130-131.)