Chapitre XXIII

De l’Immortalité de l’âme.

  • 16 septembre 2006


(1) Si nous considérons une fois avec attention ce qu’est l’Âme et d’où viennent son changement et sa durée, nous verrons aisément si elle est mortelle ou immortelle. Puisque nous avons dit déjà que l’âme est une idée qui est dans la chose pensante et qui naît de la réalité [*] d’une chose qui est dans la Nature, il s’ensuit que tels le changement et la durée de la chose, tels aussi doivent être le changement et la durée de l’âme ; nous avons observé en outre que l’âme peut être unie ou bien au corps dont elle est l’idée ou bien à Dieu sans lequel elle ne peut exister ni être conçue.

(2) On peut voir aisément par là :
1. Que si l’âme est-unie seulement au corps et que ce corps périsse, elle doit aussi périr ; car si elle est privée du corps qui est le fondement de son amour, elle doit aussi périr avec lui. Mais
2. Que si l’âme est unie à une autre chose qui est et reste inaltérable, elle doit aussi demeurer inaltérable. Par quoi, en effet, serait-il alors possible qu’elle fût anéantie ? Non par elle-même ; car, pas plus qu’elle ne pouvait commencer d’être alors qu’elle n’était pas, elle ne peut maintenant qu’elle est s’altérer et périr [B : d’elle-même]. De sorte que ce qui est la seule cause de son existence [**] doit aussi, quand elle périt, être cause de sa non existence, parce qu’il s’altère lui-même et périt [***].



[*Les manuscrits donnent ici wezentheid, essence ; peut-être faut-il lire wezentlijkheid, existence.

[**Wezentheid, et plus bas, niet-wezentheid. Voir l’observation précédente.

[***La leçon du manuscrit B donnée en note par van Vloten et Land est encore plus obscure. Voir note explicative.

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