EIII - Proposition 22 - scolie

  • 10 mai 2004

La Proposition 21 nous explique ce qu’est la Commisération, que nous pouvons définir comme la Tristesse née du dommage d’autrui. Pour la Joie née du bien d’autrui, je ne sais de quel nom il faut l’appeler. Nous appellerons, en outre, Faveur l’Amour qu’on a pour celui qui a fait du bien à autrui et, au contraire, Indignation la Haine qu’on a pour celui qui a fait du mal à autrui. Il faut noter enfin que nous n’avons pas seulement de la commisération pour une chose que nous avons aimée (comme nous l’avons montré dans la Proposition 21), mais aussi pour une chose à l’égard de laquelle nous n’avons eu d’affection d’aucune sorte pourvu que nous la jugions semblable à nous (comme je le ferai voir plus bas). Et, par suite, nous voyons aussi avec faveur celui qui a fait du bien à notre semblable, et sommes indignés contre celui qui lui a porté dommage. [*]


Propositio 21 nobis explicat quid sit commiseratio quam definire possumus quod sit tristitia orta ex alterius damno. Quo autem nomine appellanda sit lætitia quæ ex alterius bono oritur, nescio. Porro amorem erga illum qui alteri bene fecit, favorem et contra odium erga illum qui alteri male fecit, indignationem appellabimus. Denique notandum nos non tantum misereri rei quam amavimus (ut in propositione 21 ostendimus) sed etiam ejus quam antea nullo affectu prosecuti sumus modo eam nobis similem judicemus (ut infra ostendam) atque adeo ei etiam favere qui simili bene fecit et contra in eum indignari qui simili damnum intulit.


[*(Saisset :) La Proposition 21 nous explique en quoi consiste la commisération, que nous pouvons définir la tristesse née de la misère d’autrui. De quel nom faut-il appeler la joie née du bonheur d’autrui ? c’est ce que j’ignore. Quant à l’amour que nous sentons pour qui fait du bien à autrui nous l’appellerons penchant favorable, et indignation la haine que nous sentons pour qui fait du mal à autrui.
Il est bon de remarquer que nous éprouvons de la commisération, non seulement pour ce que nous aimons (comme il a été démontré dans la Propos. 21), mais aussi pour des objets qui ne nous ont encore inspiré aucune affection, pourvu que nous les jugions semblables à nous (comme je le prouverai tout à l’heure) ; et par suite, nous aurons un penchant favorable pour qui fait du hier à son semblable et de l’indignation pour qui lui fait du mal

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