EIII - Proposition 2

  • 1er mai 2004

Ni le Corps ne peut déterminer l’Âme à penser, ni l’Âme, le Corps au mouvement ou au repos ou à quelque autre manière d’être que ce soit (s’il en est quelque autre).

DÉMONSTRATION

Tous les modes de penser ont Dieu pour cause en tant qu’il est chose pensante, non en tant qu’il s’explique par un autre attribut (Prop. 6, p. II). Ce donc qui détermine l’Âme à penser est un mode du Penser et non de l’Étendue, c’est-à-dire (Déf. 1, p. II) que ce n’est pas un Corps ; ce qui était le premier point. De plus, le mouvement et le repos du Corps doivent venir d’un autre corps qui a également été déterminé au mouvement et au repos par un autre et, absolument parlant, tout ce qui survient dans un corps a dû venir de Dieu en tant qu’on le considère comme affecté d’un mode de l’Étendue et non d’un mode du Penser (même Prop. 6, p. II) ; c’est-à-dire ne peut venir de l’Âme qui (Prop. 11, p. II) est un mode de penser ; ce qui était le second point. Donc ni le Corps, etc. C.Q.F.D. [*]


Nec corpus mentem ad cogitandum nec mens corpus ad motum neque ad quietem nec ad aliquid (si quid est) aliud determinare potest.

DEMONSTRATIO :

Omnes cogitandi modi Deum quatenus res est cogitans et non quatenus alio attributo explicatur, pro causa habent (per propositionem 6 partis II) ; id ergo quod mentem ad cogitandum determinat, modus cogitandi est et non extensionis hoc est (per definitionem 1 partis II) non est corpus : quod erat primum. Corporis deinde motus et quies ab alio oriri debet corpore quod etiam ad motum vel quietem determinatum fuit ab alio et absolute quicquid in corpore oritur, id a Deo oriri debuit quatenus aliquo extensionis modo et non quatenus aliquo cogitandi modo affectus consideratur (per eandem propositionem 6 partis II) hoc est a mente quæ (per propositionem 11 partis II) modus cogitandi est, oriri non potest : quod erat secundum. Ergo nec corpus mentem etc. Q.E.D.


[*(Saisset :) Ni le corps ne peut déterminer l’âme à la pensée, ni l’âme le corps au mouvement et au repos, ou a quoi que ce puisse être. Démonstration
Tous les modes de la pensée ont pour cause Dieu, en tant que chose pensante, et non en tant qu’il se développe par un autre attribut (par la Propos. 6, partie 2) ; par conséquent, ce qui détermine l’âme a la pensée, c’est un mode de la pensée, et non un mode de l’étendue ; en d’autres termes (par la Déf. 1, partie 2), ce n’est pas le corps. Voilà le premier point. De plus, le mouvement et le repos du corps doivent provenir d’un autre corps qui lui-même est déterminé par un autre corps au mouvement et au repos ; et, en un mot, tout ce qui se produit dans un corps a dû provenir de Dieu, en tant qu’affecté d’un certain mode de l’étendue, et non d’un certain mode de la pensée (en vertu de la même Propos. 6, part. 2) ; en d’autres termes, tout cela ne peut provenir de l’âme, qui (par la Propos. 11, partie 2) est un mode de la pensée. Voilà le second point. Donc, ni le corps, etc. C. Q. F. D.

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