EIV - Proposition 33

  • 16 juin 2004

Les hommes peuvent différer en nature en tant qu’ils sont dominés par des affections qui sont des passions ; et dans la même mesure le même homme est changeant et inconstant.

DÉMONSTRATION

La nature ou essence des affections ne peut s’expliquer par notre seule essence ou nature (Défin. 1 et 2, p. III) ; mais elle doit être définie par la puissance, c’est-à-dire (Prop. 7, p. III) la nature, des causes extérieures, comparée à la nôtre ; d’où vient qu’il y a autant d’espèces de chaque affection qu’il y a d’espèces d’objets par où nous sommes affectés (Prop. 56, p. III) et que les hommes sont affectés de diverses manières par un seul et même objet (Prop. 51, p. III) et, dans la mesure où cela a lieu, diffèrent en nature ; par là enfin (même Prop. 51, p. III) un seul et même homme est affecté de diverses manières à l’égard du même objet et dans cette mesure est changeant, etc. C.Q.F.D. [*]


Homines natura discrepare possunt quatenus affectibus qui passiones sunt, conflictantur et eatenus etiam unus idemque homo varius est et inconstans.

DEMONSTRATIO :

Affectuum natura seu essentia non potest per solam nostram essentiam seu naturam explicari (per definitiones 1 et 2 partis III) sed potentia hoc est (per propositionem 7 partis III) natura causarum externarum cum nostra comparata definiri debet ; unde fit ut uniuscujusque affectus tot species dentur quot sunt species objectorum a quibus afficimur (vide propositionem 56 partis III) et ut homines ab uno eodemque objecto diversimode afficiantur (vide propositionem 51 partis III) atque eatenus natura discrepent et denique ut unus idemque homo (per eandem propositionem 51 partis III) erga idem objectum diversimode afficiatur atque eatenus varius sit etc. Q.E.D.


[*(Saisset :) Les hommes peuvent différer de nature, en tant qu’ils sont livrés au conflit des affections passives, et sous ce point de vue, un seul et même homme varie et diffère de soi-même. Démonstration La nature ou essence des passions ne peut s’expliquer par notre seule essence ou nature (par les Déf. 1 et 2, part. 3) ; mais elle doit être déterminée par le rapport de la puissance, c’est-à-dire (en vertu de la Propos. 7, part. 3) de la nature des causes extérieures, avec la nôtre. Et c’est ce qui fait qu’il y a pour chaque passion autant d’espèces différentes qu’on peut assigner d’objets différents capables de nous affecter (voyez la Propos. 56, part. 3). De là vient aussi que les hommes sont affectés très diversement par un seul et même objet (voyez la Propos. 51, part. 3), et par suite qu’ils diffèrent de nature, et enfin qu’un seul et même homme, étant affecté (en vertu de cette même Propos. 51, part. 3) diversement par le même objet, diffère de soi-même, etc. C. Q. F. D.

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