EIV - Proposition 9

  • 30 mai 2004

Une affection dont nous imaginons que la cause est actuellement présente, est plus forte que si nous n’imaginions pas la présence de cette cause.

DÉMONSTRATION

Une imagination est une idée par laquelle nous considérons une chose comme présente (Scolie de la Prop. 17, p. II), mais qui indique plutôt l’état du corps humain que la nature de la chose extérieure (Coroll. 2 de la Prop. 16, p. II). Une affection est donc une imagination (Déf. Gén. des Aff.), en tant qu’elle indique l’état du corps. Mais une imagination est plus intense (Prop. 17, p. II) aussi longtemps que nous n’imaginons rien qui exclut l’existence présente de la chose extérieure ; donc une affection aussi, dont nous imaginons que la cause est actuellement présente, est plus intense ou plus forte que si nous n’imaginions pas la présence de cette cause. C.Q.F.D. [*]


Affectus cujus causam in præsenti nobis adesse imaginamur, fortior est quam si eandem non adesse imaginaremur.

DEMONSTRATIO :

Imaginatio est idea qua mens rem ut præsentem contemplatur (vide ejus definitionem in scholio propositionis 17 partis II) quæ tamen magis corporis humani constitutionem quam rei externæ naturam indicat (per corollarium II propositionis 16 partis II). Est igitur affectus (per generalem affectuum definitionem) imaginatio quatenus corporis constitutionem indicat. At imaginatio (per propositionem 17 partis II) intensior est quamdiu nihil imaginamur quod rei externæ præsentem existentiam secludit ; ergo etiam affectus cujus causam in præsenti nobis adesse imaginamur, intensior seu fortior est quam si eandem non adesse imaginaremur. Q.E.D.


[*(Saisset :) La passion dont on imagine la cause comme présente est plus forte que si on imaginait cette même cause comme absente. Démonstration Imaginer, c’est avoir une idée par laquelle l’âme aperçoit une chose comme présente (voyez la Défin. de l’imagination dans le Scol. de la Propos. 17, part. 2) ; et cette idée cependant marque plutôt la constitution du corps humain que la nature de la chose extérieure (par le Coroll. 2 de la Propos. 16, part. 2). Une passion, c’est donc (par la Définition générale des passions) un acte d’imagination, en tant qu’il marque la constitution du corps. Or (par la Propos. 17, part. 2), l’imagination a plus de force, tant qu’on n’imagine rien qui exclue l’existence présente de la chose extérieure. Donc aussi la passion dont on imagine la cause comme présente devra être plus forte que si on imaginait cette même cause comme absente. C. Q. F. D.

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