Thoreau

l’apologue de la pépite

Un homme avait trouvé une grande pépite de 28 livres dans les mines de Bending en Australie.

Très vite il s’est mis à boire, il s’est procuré un cheval et s’est promené partout, généralement au grand galop ; quand il rencontrait des gens, il les interpellait pour leur demander s’ils savaient qui il était, et les informait aimablement qu’il était « le pauvre diable qui avait trouvé la pépite ». Pour finir, il a heurté un arbre, et s’est pratiquement assommé.

Il n’y avait en l’occurrence aucun danger, car il s’était déjà assommé contre la pépite.

Henri-David Thoreau, La vie sans principe, Minuit, p.25 (légèrement adapté).