Puisqu’il est certain que toutes les choses qui aident les parties de notre corps à s’acquitter de leurs fonctions sont de bonnes choses, et que la joie consiste en ce que la puissance de l’homme, en tant que l’homme se compose d’une âme et d’un corps, est favorisée ou augmentée, il s’ensuit que tout ce qui produit en nous la joie est bon. Cependant l’action des êtres de la nature n’a point pour fin de nous donner de la joie, et leur puissance d’agir ne se règle point sur notre utilité : comme en outre la joie se rapporte le plus souvent d’une manière particulière à une partie déterminée de notre corps, il en résulte que si la raison et la prudence n’interviennent pas, les sentiments de joie tombent dans l’excès, et il en est de même du désir que ces sentiments font naître. Ajoutez à cela que le premier bien pour nos passions c’est le bien du moment, et que notre âme ne peut être touchée d’une impression égale par la prévision de l’avenir (voyez le Scol. de la Propos. 44, et le Scol. de la Propos. 60).