Épicure à Pythoclès, salut.

(84) Cléon m’a apporté une lettre de toi. Tu m’y conserves tes sentiments amicaux, juste retour de l’intérêt que je prends à toi ; tu t’efforces, non sans succès, de t’y rappeler mes enseignements relatifs à la vie heureuse, et enfin tu m’y demandes de t’envoyer un exposé concis et peu volumineux de mes doctrines sur les phénomènes célestes, afin de t’en rendre le souvenir facile. Tu trouves en effet que mes autres écrits sur la question sont difficiles à retenir, bien que, dis-tu, tu les aies continuellement en main. J’ai, accueilli ta requête avec plaisir et j’ai conçu à ton égard d’heureuses espérances. (85) Aussi, puisque j’ai achevé d’écrire tout ce que j’ai cru nécessaire, je te fournis cet exposé sommaire que tu juges capable de servir à beaucoup d’autres que toi, à ceux principalement qui ne font encore que goûter à la véritable physique et à ceux qui sont pris trop profondément dans le cercle de quelqu’une des occupations courantes. Tâche donc de bien saisir ce qui va suivre, et, te l’étant mis dans la mémoire, parcours-le rapidement, ainsi que les autres parties de ma doctrine, dont j’ai fait part dans le petit abrégé envoyé à Hérodote.