EIII - Proposition 57 - scolie

  • 19 mai 2004

Il suit de là que les Affections des vivants que l’on dit privés de raison (nous ne pouvons douter en effet que les animaux ne sentent, une fois connue l’origine de l’Âme), diffèrent des affections des hommes autant que leur nature diffère de l’humaine. Le cheval et l’homme sans doute sont emportés par la Lubricité de procréer ; mais le premier par une Lubricité de cheval, le second par une Lubricité d’homme. De même aussi les Lubricités et les Appétits des insectes, des poissons et des oiseaux, doivent être différents les uns des autres. Bien que chaque individu vive dans le contentement et l’épanouissement de sa nature telle qu’elle est formée, cette vie dont chacun est content et cet épanouissement ne sont rien d’autre que l’idée ou l’âme de cet individu, et ainsi l’épanouissement de l’un diffère de l’épanouissement de l’autre autant que la nature ou essence de l’un diffère de la nature ou essence de l’autre. Enfin il suit de la Proposition précédente que la différence n’est pas petite entre l’épanouissement dont un ivrogne, par exemple, subit l’attrait, et l’épanouissement auquel est parvenu un Philosophe, ce que j’ai voulu faire observer en passant. Voilà pour ce qui concerne les affections qui se apportent à l’homme en tant qu’il est passif. Il me reste à ajouter quelques mots sur celles qui se rapportent à lui en tant qu’il est actif. [*]


Hinc sequitur affectus animalium quæ irrationalia dicuntur (bruta enim sentire nequaquam dubitare possumus postquam mentis novimus originem) ab affectibus hominum tantum differre quantum eorum natura a natura humana differt. Fertur quidem equus et homo libidine procreandi ; at ille libidine equina hic autem humana. Sic etiam libidines et appetitus insectorum, piscium et avium alii atque alii esse debent. Quamvis itaque unumquodque individuum sua qua constat natura, contentum vivat eaque gaudeat, vita tamen illa qua unumquodque est contentum et gaudium nihil aliud est quam idea seu anima ejusdem individui atque adeo gaudium unius a gaudio alterius tantum natura discrepat quantum essentia unius ab essentia alterius differt. Denique ex præcedenti propositione sequitur non parum etiam interesse inter gaudium quo ebrius exempli gratia ducitur et inter gaudium quo potitur philosophus, quod hic in transitu monere volui. Atque hæc de affectibus qui ad hominem referuntur quatenus patitur. Superest ut pauca addam de iis qui ad eundem referuntur quatenus agit.


[*(Saisset :) Il suit de là que les passions des animaux que nous appelons privés de raison (car nous ne pouvons, connaissant l’origine de l’âme, refuser aux bêtes le sentiment) doivent différer des passions des hommes autant que leur nature diffère de la nature humaine. Le cheval et l’homme obéissent tous deux à l’appétit de la génération, mais chez celui-là, l’appétit est tout animal ; chez celui-ci, il a le caractère d’un penchant humain. De même, il doit y avoir de la différence entre les penchants et les appétits des insectes, et ceux des poissons, des oiseaux. Ainsi donc, quoique chaque individu vive content de sa nature et y trouve son bonheur, cette vie, ce bonheur ne sont autre chose que l’idée ou l’âme de ce même individu, et c’est pourquoi il y a entre le bonheur de l’un et celui de l’autre autant de diversité qu’entre leurs essences. Enfin, il résulte aussi de la Proposition précédente que la différence n’est pas médiocre entre le bonheur que peut ressentir un ivrogne et celui qui est goûté par un philosophe, et c’est une remarque que j’ai tenu à faire ici en passant. Voilà ce que j’avais à dire des affections qui se rapportent à l’homme en tant qu’il pâtit. Il me reste à ajouter quelques mots sur celles qui se rapportent à l’homme en tant qu’il agit.

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