EIV - Appendice - Chapitre 32

  • 29 juin 2004




Mais la puissance de l’homme est extrêmement limitée et infiniment surpassée par celle des causes extérieures ; nous n’avons donc pas un pouvoir absolu d’adapter à notre usage les choses extérieures. Nous supporterons, toutefois, d’une âme égale les événements contraires à ce qu’exige la considération de notre intérêt, si nous avons conscience de nous être acquittés de notre office, savons que notre puissance n’allait pas jusqu’à nous permettre de les éviter, et avons présente cette idée que nous sommes une partie de la Nature entière dont nous suivons l’ordre. Si nous connaissons cela clairement et distinctement, cette partie de nous qui se définit par la connaissance claire, c’est-à-dire la partie la meilleure de nous, trouvera là un plein contentement et s’efforcera de persévérer dans ce contentement. En tant en effet que nous sommes connaissants, nous ne pouvons rien appéter que ce qui est nécessaire ni, absolument, trouver de contentement que dans le vrai ; dans la mesure donc où nous connaissons cela droitement, l’effort de la meilleure partie de nous-même s’accorde avec l’ordre de la Nature entière. [*]

Fin de la quatrième partie


Sed humana potentia admodum limitata est et a potentia causarum externarum infinite superatur atque adeo potestatem absolutam non habemus res quæ extra nos sunt, ad nostrum usum aptandi. Attamen ea quæ nobis eveniunt contra id quod nostræ utilitatis ratio postulat æquo animo feremus si conscii simus nos functos nostro officio fuisse et potentiam quam habemus non potuisse se eo usque extendere ut eadem vitare possemus nosque partem totius naturæ esse cujus ordinem sequimur. Quod si clare et distincte intelligamus, pars illa nostri quæ intelligentia definitur hoc est pars melior nostri, in eo plane acquiescet et in ea acquiescentia perseverare conabitur. Nam quatenus intelligimus nihil appetere nisi id quod necessarium est nec absolute nisi in veris acquiescere possumus adeoque quatenus hæc recte intelligimus eatenus conatus melioris partis nostri cum ordine totius naturæ convenit.

Finis Quartae Partis


[*(Saisset :) Mais la puissance humaine est très limitée, et la puissance des causes extérieures la surpasse infiniment ; c’est pourquoi nous ne disposons pas d’une puissance absolue pour approprier les objets du dehors à notre usage. Cependant nous supporterons toujours d’une âme égale les événements contraires à nos intérêts, si nous avons la conscience que nous avons accompli notre devoir, et que la puissance dont nous disposons n’a pas été assez étendue pour écarter le mal ; car nous ne sommes qu’une partie de la nature, et il faut suivre l’ordre universel. Or, aussitôt que nous aurons compris cela d’une façon claire et distincte, cette partie de notre être qui se définit par l’intelligence, c’est-à-dire la meilleure partie de nous-mêmes, trouvera dans cette idée une sérénité parfaite et s’efforcera d’y persévérer. Car en tant que nous possédons l’intelligence, nous ne pouvons désirer que ce qui est conforme à l’ordre nécessaire des choses et trouver le repos que dans la vérités. Par conséquent, notre condition véritable une fois bien connue, l’effort de la meilleure partie de nous-mêmes se trouve d’accord avec l’ordre universel de la nature.

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