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Merleau-Ponty

25 mars 2020, 09:33, par jld

Bonjour,

Vous écrivez : "Dans la seconde et troisième phrase , Merleau Ponty met en évidence sa thèse. Pour lui l’art doit plaire et instruire, “Placere et docere”. “On peut fabriquer des objets qui font plaisir en liant autrement des idées déjà prêtes et en présentant des formes déjà vues.” Mais l’art ne sert pas qu’à agrémenter, ne sert pas qu’à décorer."

Cette phrase est un peu ambiguë : Ici il faut distinguer :

  • ce qui , selon MMP constitue un "art d’agrément" (qui sert à faire plaisir) et quel est son principe : ne pas surprendre ("lier autrement des idées déjà prêtes)
  • est d’autre part la fonction de l’artiste à proprement parler, qu’il distingue de la première et que la suite du passage va préciser.

Votre second paragraphe est excellent ! Le choix des films est parfait. Pour qu’on s’en fasse une idée sur Elephant :

Suur sur The shining  :

Ensuite, vous écrivez : "Il traduit une idée bien claire de sa tête", mais ceci est en contradiction avec la fin du passage : "Avant l’expression, il n’y a qu’une fièvre vague et seule l’œuvre faite et comprise prouvera qu’on devait trouver là quelque chose, plutôt que rien". Sur ce point il sera intéressant de préciser réciproquement ce que disent MMP et Bergson (http://www.caute.lautre.net/A-quoi-vise-l-art-sinon-a-nous-montrer-dans).

Vous évrivez : " il faut que le spectateur, qui est acteur dans l’oeuvre, comprenne son message et sa pensée". Je crois qyu’il faut comprendre que l’oeuvre permet au spectateur de prendre conscience d’aspects de sonpropre monde dont il n’avait pas conscience auparavant. Comme si nous nous détournions, consciemment ou non, du réel. Je crois avoir compris que c’est le sens du titre du film : "Elephant", c’est ce qui est tellement gros qu’il ne devrait pas être possible de ne pas le voir, mais... on ne le voit pas. Comme quand on dit c’est gros comme le nez au milieu de la figure : reproche fait à celui ou à celle qui ne voit pas l’évidence. Dans le cas du film, ce qu’on ne voit pas, ou ce sur quoi on s’aveugle, c’est la violence du milieu scolaire (il y a longtemps, on disant "ensaigner" ou traduire cela).

Pour redire la fin, on pourrait utiliser ce que dit Spinoza de la Nature. Il distingue comme deux faces, deux aspects de ce qu’est la Nature : la "nature naturée" et la " nature naturante". Qu’est-ce que cela veur dire ? La "nature naturée, ou "faite", c’est simplement l’enseble des phénomènes naturels qu’on peut éventuellement percevoir. Mais la nature ce n’est pas seulement cela, c’est aussi une force, la puissance qu’on ne voit pas mais qui produit les "choses naturelles" qui existent (les philosophes et savants depuis la fin de la renaissance, et surtout avec Galilée, avait découvert la notion de lois de la nature, par ex. la loi de la gravitation universelle).

De même on pourrait traduire ce qeu dit MMP on disant que la culture est un mot ambigu : c’est d’une part les choses artificielles déjà produites par les hommes (la culturé "culturée" ;) ), mais c’est aussi et surtout le processus par lesquel les humains produisen toujours du nouveau, irréductible à ce qui a auparavant été fait (la culture culturante, c’est-à-dire vivante).

Assumer la culture depuis son début et la fonder à nouveau ; parler comme le premier homme a parlé
, c’est retrouver cette vitalité de la culture "culturante" et trouver les procédés pour faire voir ce que personne ne voit tout en y étant passivement plongé (comme une personne "cultivée" peut ressasser toujours les mêmes mots et idées apprises comme un voile entre elle et le réel : elle fait le perroquet, on parle de "psittacisme").

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