L’âme ne se connaît elle-même qu’en tant qu’elle perçoit les idées des affections du corps.

Démonstration

L’idée ou connaissance de l’âme résulte de la nature de Dieu et s’y rapporte (par la Propos. 20) de la même façon que l’idée ou connaissance du corps. Or, puisque (par la Propos. 19) l’âme humaine ne connaît pas le corps humain lui-même, en d’autres termes (par le Corollaire de la Propos. 11), puisque la connaissance du corps humain ne se rapporte pas à Dieu, en tant qu’il constitue la nature de l’âme humaine, il s’ensuit que la connaissance de l’âme ne se rapporte pas non plus à Dieu, en tant qu’il constitue l’essence de l’âme ; par conséquent (en vertu de ce même Corollaire de la Propos. 11), que l’âme humaine, sous ce point de vue, ne se connaît pas elle-même. Maintenant, les idées des affections du corps enveloppent la nature de ce même corps (par la Propos. 16) ; en d’autres termes (par la Propos. 13), elles s’accordent avec la nature de l’âme ; par conséquent, la connaissance de ces idées enveloppera nécessairement la connaissance de l’âme ; or (par la Propos. précéd.), la connaissance de ces idées se trouve dans l’âme. C’est donc sous ce point de vue seulement que l’âme humaine se connaît elle-même. C. Q. F. D.