"Heidegger - je n’ai jamais pu souffrir ce nazi par existence." Quand il écrit cette phrase contre le philosophe de Fribourg, Thomas Mann est en exil en Californie. Nous sommes en 1944. L’écrivain est en train de mettre la dernière main à son roman Docteur Faust, "un mélange, dit-il lui-même, de théologie, de musique, de génie = pathologie, qui lie constamment le concept de "germanité" avec les mots "tragique" et "démoniaque"". Il est en correspondance avec d’autres émigrés allemands qui s’interrogent (...)
Le dossier Heidegger grossit toujours. On n’a pourtant pas l’impression que des pièces essentielles y manquent, des documents qui puissent apporter des arguments nouveaux, dans un sens ou dans l’autre. Évidemment, la possibilité n’est pas exclue qu’un autre appel enflammé en faveur du Führer se retrouve, qu’une autre lettre apparaisse adressée par Mme Heidegger (ou un fils ou une tante Heidegger, voire M. Heidegger lui-même) à un « non-aryen » ou à un collègue suspect de tiédeur envers Hitler : cela ne (...)
Ces quelques lignes appartiennent à l’introduction du commentaire, par Jean Wahl, de l’Introduction à la métaphysique de Heidegger : Vers la fin de l’ontologie.
Mais il y a une page 152 qui est bien ennuyeuse pour qui admire le philosophe Heidegger. Dans cette page, qui a été écrite, comme je l’ai dit en 1935, mais qui a été réimprimée en 1953, Heidegger nous dit que « la philosophie qui se donne ça et là comme la philosophie du national-socialisme n’a rien à faire avec la hauteur ou la grandeur, die Höhe, (...)
De 1933 à 1945, Martin Heidegger, souvent considéré comme le plus grand philosophe du siècle, a été un militant zélé du parti nazi : le livre de Victor Farias publié aujourd’hui le prouve de façon accablante. Question : peut-on encore rester heideggerien ?
« Un commentateur a dit que la pensée de Heidegger, apparue sous le nazisme naissant, soulevait une question politique sans cesse reposée par l’actualité. Qu’en pensez-vous ? » à Erick de Rubercy et Dominique Le Buhan (Douze questions posée à Jean (...)
Le maître à penser de la philosophie contemporaine déboulonné par le livre de Victor Farias.
On sait bien à peu près les rapports que Heidegger a entretenus avec le nazisme dans les années 1930 et le silence suspect dans lequel il s’est tenu par la suite sur cette question. Le livre de Victor Farias n’autorise plus guère le flou pudique de cet à-peu-près. Si les heideggeriens français ont eu parfois tendance à minimiser quelque peu ces rapports qui ne pouvaient être sans effet sur la pensée du (...)
Une minutieuse enquête de Victor Farias révèle les liens entre le philosophe, mort en 1976, et le national-socialisme.
La question des liens entre Heidegger et le nazisme a déjà suscité bien des débats. Question multiple, elle concerne les compromissions effectives de l’homme avec le régime hitlérien, leur étendue et leur interprétation. Elle inclut aussi le lien éventuel entre des thèmes constants de son œuvre et l’idéologie national-socialiste. Elle bute enfin sur l’énigme du silence du philosophe : (...)
C’est une position complexe, ambiguë, celle de beaucoup d’auteurs par rapport à la démocratie. L’affaire Heidegger est venue compliquer les choses : il a fallu qu’un grand philosophe se reterritorialise effectivement sur le nazisme pour que les commentaires les plus étranges se croisent, tantôt pour mettre en cause sa philosophie, tantôt pour l’absoudre au nom d’arguments si compliqués et contournés qu’on reste songeur. Ce n’est pas toujours facile d’être heideggérien. On aurait mieux compris qu’un grand (...)
Arno Münster, est l’auteur notamment de : « Nietzsche et le nazisme », Kimé, Paris, 1995. Dernier ouvrage paru : « L’utopie concrète d’Ernst Bloch. Une biographie » (Kimé)
Va-t-on vers une nouvelle « affaire Heidegger », prenant le relais de la polémique suscitée en 1987 par Victor Farias ? En effet, le volume XVI des œuvres complètes de Martin Heidegger qu’a publié l’éditeur allemand Vittorio Klostermann, à Francfort, comporte des textes, des discours, des lettres qui risquent de relancer la polémique et de (...)
« Si vous voyez là une censure, vous êtes complètement à côté des réalités », assure Vittorio Klostermann, l’éditeur qui a débuté en 1975 la publication des œuvres complètes de Heidegger en Allemagne. « Nous publions les volumes dans le désordre », répond-il quand on lui demande pourquoi ce volume XVI est paru si longtemps après les volumes XV et... XVII. « En 1975, nous avons débuté par le volume 24, suivi des volumes 21 et 26. Le volume 85 est déjà paru aussi, alors que nous n’en sommes qu’à une soixantaine de (...)
Ce qui fait la grandeur d’une philosophie, c’est probablement que nul n’en est jamais quitte, et que les problèmes nouveaux qui, à mesure, se posent trouvent toujours en elle, rétrospectivement, des éclairages. Cela vaut, évidemment, pour la philosophie de Heidegger. Aristote voulait que d’un penseur on pût dire seulement qu’il est né, qu’il a vécu et qu’il est mort.
Dans le cas de Heidegger, on ne peut guère mettre de côté la biographie, ni ses choix de vie, politiques et moraux, qui l’ont conduit à (...)
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Dernière mise à jour : mardi 31 janvier 2023