Quand on parle de travail immatériel, on ne parle pas simplement de travail intellectuel. On parle de travail intellectuel en tant que travail corporel, c’est-à-dire qu’il comprend évidemment l’intellect, mais on l’envisage dans sa plasticité, dans sa malléabilité, dans sa capacité à s’insérer dan n’importe quelle situation. Le travail immatériel est, selon moi, une catégorie qui permet précisément de comprendre à fond cette plasticité de la nouvelle force de travail. Il y a bien sûr des différences quand on parle d’intellectualité de masse, et quand on parle des, flux d’immigrés qui forment, eux aussi, des flux de force de travail intellectuel. Même dans le cas du Maghreb par exemple, ou dans d’autres situations du même genre, les immigrés sont en général des gens qui ont fait des études supérieures ; bac + 3 ou + 4, qui ont parfois déjà des licences ou des maîtrises. Mais c’est tout à fait secondaire par rapport à la caractéristique fondamentale de cette force de travail : une mobilité, une plasticité qui lui permettent de s’insérer à tout moment dans l’immatérialité des flux productifs.