« Appauvrir les sujets est aussi un procédé propre a la tyrannie qui vise à ce qu’ils ne puissent pas entretenir de milice et que, pris par leurs tâches quotidiennes, ils n’aient aucun loisir de conspirer. Exemples de ce procédé : les pyramides d’Égypte, les offrandes des Cypsélides, la construction de l’Olympeion par les Pisistratides, parmi les ouvrages de Samos ceux de Polycrate. Tout cela, en effet, a le même résultat : manque de loisir et appauvrissement des sujets. Il y a aussi la levée des impôts comme à Syracuse où, en cinq ans, sous Denys, toute la fortune de la cité finit par aboutir dans les caisses du tyran. Le tyran est aussi un fauteur de guerre, ce qui fait que ses sujets n’ont aucun loisir et en viennent à avoir besoin d’un guide. Et alors que la royauté trouve son salut dans ses amis, le propre d’un tyran c’est d’avoir surtout de la méfiance envers ses amis, sous prétexte que si tous lui veulent du mal, c’est surtout ses amis qui peuvent lui en faire. »

Aristote, Les Politiques, V, 11, 8-10 (1313b18-33)