Die Zukunft einer Illusion, Leipzig-Wien-Zürich, Internationaler Psychoanalytischer Verlag, 1927
Traduit de l’allemand par Marie Bonaparte, Paris, Denoël et Steel, 1932.
(Les titres des chapitres, entre parenthèses, sont ajoutés ici pour faciliter la consultation.)
Le texte :
Éléments d’analyse :
X
Voilà qui semble merveilleux ! Une humanité qui aurait renoncé à toute illusion et qui serait ainsi devenue capable de se créer sur terre une existence supportable ! Mais je ne saurais pour ma part partager vos espérances. Non pas que je sois le réactionnaire endurci pour lequel vous me prenez peut-être. Mais parce que j’ai du bon sens. Il me semble que nous avons à présent interverti les rôles : c’est vous à présent le rêveur, qui se laisse emporter par ses illusions, et c’est moi qui représente les (...)
IX
« Vous vous permettez des contradictions difficiles à concilier. Vous commencez par déclarer qu’un écrit tel que le vôtre est absolument sans danger. Personne ne se laissera ravir sa foi religieuse par des dissertations de cet ordre. Mais comme il entre pourtant dans vos intentions de troubler les gens dans leur foi, ainsi qu’il apparaît plus tard, on est en droit de vous le demander : pourquoi publiez-vous ce livre ? Ailleurs vous avouez cependant qu’il est dangereux, voire très dangereux, que (...)
VIII
On pourrait s’attendre à ce que l’exécution de ce dernier projet ne rencontrât pas de difficultés particulières. Il est vrai que l’on renoncerait par là à quelque chose, mais on gagnerait peut-être davantage que l’on ne perdrait, et l’on éviterait un grand danger. Mais l’on prend peur, tout comme si la civilisation, par de pareilles mesures, allait être exposée à un plus grand péril encore. Quand saint Boniface abattait l’arbre sacré des Saxons, ceux qui étaient présents s’attendaient à quelque (...)
VII
Dès que nous avons reconnu pour des illusions les doctrines religieuses, une nouvelle question se pose : d’autres biens culturels, que nous estimons très haut et par lesquels nous laissons dominer notre vie, ne seraient-ils pas de nature semblable ? Les principes qui règlent nos institutions politiques ne devraient-ils pas de même être qualifiés d’illusions ? Les rapports entre les sexes, au sein de notre civilisation, ne sont-ils pas troublés par une illusion érotique ou par une série (...)
VI
Je pense que la réponse à nos deux questions a été suffisamment préparée. Nous la trouverons en tournant nos regards vers la genèse psychique des idées religieuses. Ces idées, qui professent d’être des dogmes, ne sont pas le résidu de l’expérience ou le résultat final de la réflexion elles sont des illusions, la réalisation des désirs les plus anciens, les plus forts, les plus pressants de l’humanité ; le secret de leur force est la force de ces désirs Nous le savons déjà l’impression terrifiante de la (...)
V
Poursuivons à présent notre enquête : quelle est la signification psychologique des idées religieuses, sous quelle rubrique pouvons-nous les classer ? Il n’est pas du tout facile au premier abord de répondre à cette question. Après avoir rejeté diverses formules, on s’en tiendra à celle-ci les idées religieuses sont des dogmes, des assertions touchant des faits et des rapports de la réalité externe (ou interne), et ces dogmes nous apprennent des choses que nous n’avons pas découvertes par nous-mêmes (...)
IV
Une enquête qui se poursuit à la façon d’un monologue ininterrompu n’est pas absolument sans dangers. On cède trop aisément à la tentation d’écarter les pensées qui voudraient l’interrompre, et l’on acquiert en échange un sentiment d’incertitude que l’on cherche finalement à étouffer sous une assurance exagérée. Je vais donc me figurer que j’ai un adversaire ; il suivra mon argumentation dans un esprit de méfiance, et je le laisserai de-ci de-là placer un mot. Je crois l’entendre dire : « Vous avez à (...)
III
En quoi réside la valeur particulière des idées religieuses ?
Nous venons de parler de l’hostilité contre la civilisation, engendrée par la pression que celle-ci exerce, par les renonciations aux instincts qu’elle exige. S’imagine-t-on toutes ses interdictions levées, alors on pourrait s’emparer de toute femme qui vous plairait, sans hésiter, tuer son rival ou quiconque vous barrerait le chemin, ou bien dérober à autrui, sans son assentiment, n’importe lequel de ses biens ; que ce serait donc beau (...)
II
Nous avons, sans le vouloir, glissé de l’économique au psychologique. Au début nous étions tentés de rechercher le propre de la civilisation dans les ressources matérielles présentes et dans l’organisation de leur répartition. Mais après avoir reconnu que toute culture repose sur la contrainte au travail et le renoncement aux instincts, et par suite provoque inévitablement l’opposition de ceux que frappent ces exigences, il apparaît clairement que les ressources elles-mêmes et les moyens de les (...)
I
Lorsqu’on a vécu longtemps dans l’ambiance d’une certaine culture et qu’on s’est souvent efforcé d’en découvrir les origines et les voies évolutives, on ressent un jour la tentation de tourner ses regards dans la direction opposée et de se demander quel sera le sort ultérieur de cette culture ainsi que les transformations qu’elle est destinée à subir. Mais on ne tarde pas à s’apercevoir que la valeur de semblable investigation est diminuée dès l’abord par divers facteurs, surtout par le fait qu’il (...)
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