Il faut le noter encore, l’État que j’ai dit qui était institué à cette fin de faire régner la concorde, doit être entendu comme institué par une population libre, non comme établi par droit de conquête sur une population vaincue. Sur une population libre l’espoir exerce plus d’influence que la crainte ; sur une population soumise par la force au contraire, c’est la crainte qui est le grand mobile, non l’espérance. De la première on peut dire qu’elle a le culte de la vie, de la seconde qu’elle cherche (...)
De quels moyens un Prince omnipotent, dirigé par son appétit de domination, doit user pour établir et maintenir son pouvoir, le très pénétrant Machiavel l’a montré abondamment ; mais, quant à la fin qu’il a visée, elle n’apparaît pas très clairement. S’il s’en est proposé une bonne ainsi qu’il est à espérer d’un homme sage, ce semble être de montrer de quelle imprudence la masse fait preuve alors qu’elle supprime un tyran, tandis qu’elle ne peut supprimer les causes qui font qu’un Prince devient un tyran, mais (...)
Traité politique, V, §04
Quand nous disons que l’État le meilleur est celui où les hommes vivent dans la concorde, j’entends qu’ils vivent d’une vie proprement humaine, d’une vie qui ne se définit point par la circulation du sang et l’accomplissement des autres fonctions communes à tous les autres animaux, mais principalement par la raison, la vertu de l’âme et la vie vraie [1].
Traité politique, V, §06
Traduction Saisset :
Lors donc que je dis que le meilleur gouvernement est celui où les hommes (...)
Si dans une Cité les sujets ne prennent pas les armes parce qu’ils sont sous l’empire de la terreur, on doit dire, non que la paix y règne, mais plutôt que la guerre n’y règne pas. Car la paix, ce n’est pas l’absence de guerre ; c’est la vertu qui naît de la vigueur de l’âme. La paix, en effet, n’est pas la simple absence de guerre, elle est une vertu qui a son origine dans la force d’âme, car l’obéissance (par le § 19 du chapitre II) est une volonté constante de faire ce qui suivant le droit commun de la (...)
De même que les vices des sujets, leur licence excessive et leur insoumission doivent être imputées à la Cité, de même en revanche leur vertu, leur constante soumission aux lois doivent être attribuées à la vertu de la Cité et à l’établissement d’un droit civil absolu ainsi qu’il est manifeste par le paragraphe 15 du chapitre II. C’est donc à bon droit qu’on fait honneur à la vertu d’Annibal, de ce que dans son armée il n’y a jamais eu de sédition.
Traduction Saisset :
Or, de même qu’il faut imputer à (...)
L’on connaît facilement quelle est la condition d’un État quelconque en considérant la fin en vue de laquelle un état civil se fonde ; cette fin n’est autre que la paix et la sécurité de la vie. Par suite le gouvernement le meilleur est celui sous lequel les hommes passent leur vie dans la concorde et celui dont les lois sont observées sans violation. Il est certain en effet que les séditions, les guerres et le mépris ou la violation des lois sont imputables non tant à la malice des sujets qu’à un vice (...)
Dans le § 11 du chapitre II nous avons montré qu’un homme est son propre maître alors surtout qu’il vit le plus sous la conduite de la raison, et en conséquence (voir § 7 chapitre III) que cette Cité est la plus puissante et la plus maîtresse d’elle-même, qui est fondée et gouvernée selon la raison. Puis donc que la meilleure règle de vie pour se conserver soi-même autant qu’il se peut, est celle qui est instituée suivant les prescriptions de la raison, il en résulte que tout le meilleur que fait soit un (...)
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Dernière mise à jour : mardi 8 septembre 2020