Vous êtes ici : Accueil > Hyper-Traité politique > Chapitre 10 - L’aristocratie (fin)

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  • Traité politique, X, §10 - Mai 2005

    On peut nous objecter que, bien qu’elles soient sous la protection de la raison et des affections communes, ces lois de l’État précédemment exposées, ne sont cependant pas si solides que nul ne puisse en venir à bout. Car il n’est pas d’affection qui ne puisse être vaincue par une affection contraire ; la crainte de la mort est visiblement vaincue souvent par l’appétit du bien d’autrui. Ceux qui sont épouvantés par l’ennemi, nulle autre crainte ne peut les arrêter : ils se jettent à l’eau, se précipitent (...)

  • Traité politique, X, §09 - Mai 2005

    Cela posé, voyons maintenant si des États de la sorte décrite peuvent par quelque cause tenant à eux-mêmes être détruits. Si un État cependant peut se perpétuer, ce sera nécessairement celui dont les lois une fois bien établies demeurent inviolées. Car les lois sont l’âme de l’État. Aussi longtemps qu’elles demeurent, l’État subsiste nécessairement. Mais les lois ne peuvent demeurer inviolées si elles ne sont sous la protection et de la raison et des affections communes aux hommes ; autrement, je veux dire si (...)

  • Traité politique, X, §08 - Mai 2005

    Dans un État qui vise uniquement à conduire les hommes par la crainte, c’est plutôt l’absence de vice que la vertu qui règne. Mais il faut mener les hommes de telle façon qu’ils ne croient pas être menés, mais vivre selon leur libre décret et conformément à leur complexion propre ; il faut donc les tenir par le seul amour de la liberté, le désir d’accroître leur fortune et l’espoir de s’élever aux honneurs. Les statues d’ailleurs, les cortèges triomphaux et les autres excitants à la vertu, sont des marques de (...)

  • Traité politique, X, §07 - Mai 2005

    Si nous considérons les principes fondamentaux des deux États aristocratiques décrits dans les deux chapitres précédents, nous verrons que cela même en est une conséquence. Le nombre des gouvernants dans l’un et dans l’autre est assez grand pour que la majorité des riches ait accès au gouvernement et aux hautes charges de l’État. S’il est décidé en outre (comme nous l’avons dit au § 47 du chapitre VIII) que les patriciens insolvables seront considérés comme déchus et que ceux qui auront perdu leur bien par (...)

  • Traité politique, X, §06 - Mai 2005

    Ma conclusion donc est que ces vices inhérents à l’état de paix dont nous parlons ici, ne doivent pas être combattus directement mais indirectement, en posant des principes fondamentaux tels que le plus grand nombre s’efforce non de vivre sagement (cela est impossible) mais se laisse diriger par les affections dont l’État tire le plus de bénéfice. Il faut tendre surtout à ce que les riches soient sinon économes, du moins désireux d’augmenter leur richesse. Car il n’est pas douteux que si cette avidité (...)

  • Traité politique, X, §05 - Mai 2005

    Pour parer à ce mal on a souvent tenté d’édicter des lois somptuaires, mais en vain. Car toutes les règles qui peuvent être violées sans que d’autres soient lésés, sont un objet de dérision. Tant s’en faut que ces règles modèrent les désirs et les appétits, au contraire elles leur donnent plus d’intensité, car nous avons une inclination pour ce qui est défendu, et désirons ce qui nous est refusé. Des hommes oisifs ont toujours assez de ressources dans l’esprit pour éluder les règles établies sur des objets (...)

  • Traité politique, X, §04 - Mai 2005

    Toutefois cette autorité des syndics pourra faire seulement que la forme de l’État se maintienne, empêcher que les lois ne soient violées et que qui que ce soit ne tire profit d’une action criminelle. Elle ne pourra empêcher que ne s’infiltrent des vices comme ceux où tombent les hommes jouissant de grands loisirs, vices qui fréquemment causent la ruine de l’État. Les hommes, une fois affranchis de la crainte par la paix, deviennent peu à peu, de sauvages et barbares qu’ils étaient, des êtres civilisés (...)

  • Traité politique, X, §03 - Mai 2005

    Les tribuns du peuple aussi étaient perpétuels à Rome, mais incapables de triompher de la puissance d’un Scipion ; ils devaient en outre soumettre au Sénat lui-même les mesures qu’ils jugeaient salutaires et souvent ils étaient joués par lui, le Sénat s’arrangeant pour que la faveur de la plèbe allât à celui que les sénateurs craignaient le moins. A quoi s’ajoute que toute la force des tribuns contre les patriciens reposait sur la faveur du peuple et que, lorsqu’ils faisaient appel à la plèbe, ils (...)

  • Traité politique, X, §02 - Mai 2005

    Il n’est pas douteux au contraire (par le § 3 du chapitre VI) que si, maintenant la forme de l’État, le glaive du dictateur pouvait se dresser perpétuellement et être redoutable seulement aux méchants, jamais le mal ne s’aggraverait au point qu’il ne pût être supprimé ou redressé. C’est pour satisfaire à ces conditions que nous avons subordonné à l’Assemblée générale un Conseil des syndics, de façon que le glaive perpétuel ne soit pas au pouvoir d’une personne naturelle, mais d’une personne civile dont les (...)

  • Traité politique, X, §01 - Mai 2005

    Après avoir exposé les principes fondamentaux des deux types d’État aristocratique, reste à rechercher s’il existe quelque cause intérieure pouvant amener la dissolution de pareil régime ou sa transformation. La première cause possible de dissolution est celle qu’observe le très pénétrant Florentin (Machiavel) dans son premier discours sur le troisième livre de Tite-Live : dans un État, tous les jours, comme dans le corps humain, il y a certains éléments qui s’adjoignent aux autres et dont la présence (...)