TRE - 05

  • 31 août 2005


quant à l’honneur, il absorbe l’esprit d’une façon bien plus exclusive encore, parce qu’on ne manque jamais de le considérer comme une chose bonne par elle-même, et comme une fin dernière à laquelle se rapportent toutes les actions. En outre l’honneur et la richesse ne sont point suivis de repentir comme le plaisir ; au contraire, plus on possède soit de l’un soit de l’autre, plus la joie qu’on éprouve est accrue, d’où cette conséquence qu’on est de plus en plus excité à les augmenter ; mais si en quelque occasion nous sommes trompés dans notre espoir, alors prend naissance une tristesse extrême. L’honneur enfin est encore un grand empêchement en ce que, pour y parvenir, il faut nécessairement diriger sa vie d’après la manière de voir des hommes, c’est-à-dire fuir ce qu’ils fuient communément et chercher ce qu’ils cherchent.


Honore vero multo adhuc magis mens distrahitur ; supponitur enim semper bonum esse per se et tamquam finis ultimus, ad quem omnia diriguntur. Deinde in his non datur, sicut in libidine, poenitentia, sed quo plus utriusque possidetur, eo magis augetur laetitia, et consequenter magis ac magis incitamur ad utrumque augendum ; si autem spe in aliquo casu frustremur, tum summa oritur tristitia. Est denique honor magno impedimento eo, quod, ut ipsum assequamur, vita necessario ad captum hominum est dirigenda, fugiendo scilicet quod vulgo fugiunt, et quaerendo quod vulgo quaerunt homines.


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