TRE - 61

  • 16 septembre 2005


Laissant de tels adversaires à leur délire, nous prendrons soin plutôt de tirer de cet échange de paroles quelque vérité utile à notre objet, à savoir [1] : l’esprit qui s’applique attentivement à une chose forgée et de sa nature fausse pour l’examiner et la connaître, et qui en déduit dans l’ordre juste ce qu’il faut en déduire, en rendra aisément la fausseté manifeste ; si la chose forgée est vraie de sa nature, quand l’esprit s’applique attentivement à elle pour la connaître, et commencer à déduire dans l’ordre juste ce qui s’ensuit, il continuera avec succès sans aucune interruption, comme nous avons vu que dans le cas de l’idée forgée fausse, ci-dessus mentionnée, l’entendement s’offre aussitôt à montrer l’absurdité qu’elle contient et les conséquences absurdes qui s’en déduisent.


Sed eos in suis deliriis linquendo, curabimus, ut ex verbis, quae cum ipsis fecimus, aliquid veri ad nostram rem hauriamus, nempe hoc [2] : Mens cum ad rem fictam et sua natura falsam attendit, ut eam pensitet et ntelligat, bonoque ordine ex ea deducat quae sunt deducenda, facile falsitatem patefaciet ; et si res ficta sua natura sit vera, cum mens ad eam attendit, ut eam intelligat, et ex ea bono ordine incipit deducere, quae inde sequuntur, feliciter perget sine ulla interruptione, sicut vidimus, quod ex falsa fictione modo allata statim ad ostendendam eius absurditatem et alias inde deductas praebuit se intellectus.



[1J’ai l’air ici de tirer ma conclusion d’une expérience et l’on dira peut-être que je n’ai rien prouvé parce que la démonstration fait défaut ; si l’on y tient, la voici : Rien dans la nature ne peut se trouver en opposition avec ses lois, et tout arrive selon des lois de nature déterminées, de façon à produire selon des lois déterminées des effets déterminés dans un enchaînement inébranlable : il suit de là que l’âme, quand elle conçoit vraiment une chose doit en développer objectivement les effets. Voir plus bas le passage relatif â l’idée fausse.

[2Quamvis hoc experientia videar concludere (et quis dicat id nil esse), quia deficit demonstratio, eam, si quis desiderat, sic habeat. Cum in natura nihil possit dari, quod eius leges oppugnet, sed cum omnia secundum certas eius leges fiant, ut certos certis legibus suos producant effectus irrefragabili concatenatione, hinc sequitur, quod anima, ubi rem vere concipit, perget obiective eosdem effectus formare. Vide infra, ubi de idea falsa loquor. Sp.