EIII - Proposition 10

  • 4 mai 2004

Une idée qui exclut l’existence de notre Corps, ne peut être donnée dans l’Âme, mais lui est contraire.

DÉMONSTRATION

Ce qui peut détruire notre Corps, ne peut être donné en lui (Prop. 5), et l’idée de cette chose ne peut être donnée en Dieu, en tant qu’il a l’idée de notre Corps (Coroll. de la Prop. 9, p. II) ; c’est-à-dire (Prop. 11 et 13, p. II) l’idée de cette chose ne peut être donnée dans notre Âme ; mais, au contraire, puisque (Prop. 11 et 13, p. II) ce qui constitue en premier l’essence de notre Âme, est l’idée du corps existant en acte, ce qui est premier et principal dans notre Âme, est un effort (Prop. 7) pour affirmer l’existence de notre Corps ; et ainsi une idée qui nie l’existence de notre Corps est contraire à notre Âme, etc. C.Q.F.D. [*]


Idea, quæ corporis nostri existentiam secludit, in nostra mente dari nequit, sed eidem est contraria.

DEMONSTRATIO :

Quicquid corpus nostrum potest destruere, in eodem dari nequit (per propositionem 5 hujus) adeoque neque ejus rei idea potest in Deo dari quatenus nostri corporis ideam habet (per corollarium propositionis 9 partis II) hoc est (per propositiones 11 et 13 partis II) ejus rei idea in nostra mente dari nequit sed contra quoniam (per propositiones 11 et 13 partis II) primum quod mentis essentiam constituit, est idea corporis actu existentis, primum et præcipuum nostræ mentis conatus est (per propositionem 7 hujus) corporis nostri existentiam affirmare atque adeo idea quæ corporis nostri existentiam negat, nostræ menti est contraria etc. Q.E.D.


[*(Saisset :) Une idée qui exclut l’existence de notre corps ne se peut rencontrer dans notre âme ; elle lui est contraire. Démonstration Tout ce qui peut détruire notre corps ne se peut rencontrer en lui (par la Propos. 5) ; par conséquent l’idée d’une telle chose ne se peut non plus rencontrer en Dieu, en tant qu’il a l’idée de notre corps (par le Corollaire de la Propos. 9, partie 2), ou en d’autres termes (par les Propos. 11 et 13, partie 2), l’idée de cette chose ne se peut rencontrer dans notre âme ; au contraire, puisque (par les Propos. 11 et 13, partie 2) ce qu’il y a de fondamental et de constitutif dans l’essence de l’âme, c’est l’idée du corps pris comme existant en acte, il s’ensuit que l’affirmation de l’existence du corps est ce qu’il y a dans l’âme de fondamental et de principal (par la Propos. 7), et par conséquent, une idée qui contient la négation de l’existence de notre corps est contraire à notre âme. C.Q.F.D.

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