Au reste, il est si évident que nous avons une volonté libre [1], qui peut donner son consentement ou ne le pas donner, quand bon lui semble, que cela peut être compté pour une de nos plus communes notions. Nous en avons eu ci-devant une preuve bien claire ; car, au même temps que nous doutions de tout, et que nous supposions même que celui qui nous a créés employait son pouvoir à nous tromper en toutes façons, nous apercevions en nous une liberté si grande, que nous pouvions nous empêcher de croire ce que nous ne connaissions pas encore parfaitement bien [2]. Or ce que nous apercevons distinctement, et dont nous ne pouvions douter, pendant une suspension si générale, est aussi certain qu’aucune autre chose que nous puissions jamais connaître.

[1Comparez avec Spinoza, La pierre qui songe.

[2Cf. Les Principes de la philosophie, I, art.6 ; à comparer avec la première Méditation, et le début de la deuxième.