EIV - Proposition 18

  • 9 juin 2004

Un Désir qui naît de la Joie est plus fort, toutes choses égales d’ailleurs, qu’un Désir qui naît de la Tristesse.

DÉMONSTRATION

Le Désir est l’essence même de l’homme (Déf. 1 des Aff.), c’est-à-dire (Prop. 7, p. III) un effort par lequel l’homme s’efforce de persévérer dans son être. Un Désir qui naît de la Joie, est donc secondé ou accru par cette affection même de Joie (Déf. de la Joie dans le Scolie de la Prop. 11, p. III) ; au contraire, celui qui naît de la Tristesse est diminué ou réduit par cette affection même de Tristesse (même Scolie) ; et ainsi la force du Désir qui naît de la Joie, doit être définie à la fois par la puissance de l’homme et celle de la cause extérieure ; celle, au contraire, du Désir qui naît de la Tristesse par la seule puissance de l’homme ; le premier Désir ainsi est plus fort que le deuxième. C.Q.F.D. [*]


Cupiditas quæ ex lætitia oritur, cæteris paribus fortior est cupiditate quæ ex tristitia oritur.

DEMONSTRATIO :

Cupiditas est ipsa hominis essentia (per 1 affectuum definitionem) hoc est (per propositionem 7 partis III) conatus quo homo in suo esse perseverare conatur. Quare cupiditas quæ ex lætitia oritur, ipso lætitiæ affectu (per definitionem lætitiæ, quam vide in scholio propositionis 11 partis III) juvatur vel augetur ; quæ autem contra ex tristitia oritur, ipso tristitiæ affectu (per idem scholium) minuitur vel coercetur atque adeo vis cupiditatis quæ ex lætitia oritur, potentia humana simul et potentia causæ externæ, quæ autem ex tristitia sola humana potentia definiri debet ac proinde hac illa fortior est. Q.E.D.


[*(Saisset :) Le désir qui provient de la joie est plus fort, toutes choses égales d’ailleurs, que le désir qui provient de la tristesse. DÉMONSTRATION Le désir est l’essence même de l’homme (par la Déf. 1 des pass.), c’est-à-dire (en vertu de la Propos. 7, part. 3) l’effort par lequel l’homme tend à persévérer dans son être. C’est pourquoi le désir qui provient de la joie est favorisé ou augmenté par cette passion même (en vertu de la Déf. de la joie, qu’on peut voir dans le Scol. de la Propos. 11, part. 3). Au contraire, le désir qui naît de la tristesse est diminué ou empêché par cette passion même (en vertu du même Scol.) ; et par conséquent la force du désir qui naît de la joie doit être mesurée tout ensemble par la puissance de l’homme et par celle de la cause extérieure dont il est affecté, au lieu que la force du désir qui naît de la tristesse doit l’être seulement par la puissance de l’homme ; d’où il suit que celui-là est plus fort que celui-ci. C. Q. F. D.

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