Pierre-François MOREAU

  • 23 janvier 2010

Spinoza , de Pierre-François Moreau.

 Éditeur : Le Seuil (1975)
 Collection : Écrivains de toujours

Introduction

Juste un instant, pour marquer le départ du texte : ce qui donne le droit ici de parler de Spinoza et gouverne ce qu’on en dira. Commentaire ? résumé ? oscillation qui se renforce à :présenter un philosophe dans une collection d’écrivains. Qu’est-ce qui fait de Spinoza pour nous autre chose qu’un nom ou une référence historique ? Vie peu frappante, manquant d’aventures si l’aventure c’est l’anecdote extérieure, ouvrages souvent inachevés ; ce qui demeure, c’est la pensée, le style de pensée pour être plus exact : une démarche irréductible qui marque chaque texte et qui est présentée et justifiée par les textes eux-mêmes. C’est à cette dimension proprement théorique que l’on s’attachera ici en admettant que sa consistance vaut d’être analysée pour elle-même, y compris en dehors des thèses qu’elle produit : dans son fonctionnement.

On ne se croira pas tenu pour autant de raconter toutes les parties du système ; et ce d’autant moins que certaines manquent dans les livres : tout le réel pouvant être compris, le système est en droit infini ; son unité ne tient pas à sa fermeture mais à sa méthode ; seuls quelques fragments s’en lisent dans l’Éthique : ceux, nous dit la préface du Livre II, qui peuvent conduire (« comme par la main ») à la Béatitude. Mais si on ne s’intéresse pas à la Béatitude ? Il est permis alors, sans doute, d’insister plus sur un passage que sur un autre, ou de s’attacher à une indication pour voir à quel développement elle peut mener. Seule condition : respecter ce qui les produit comme parties du système.

A cette puissance productrice, en revanche, on consacrera l’essentiel de l’analyse : c’est dans sa méthode que consiste le spinozisme et c’est elle que l’on peut confronter aux autres espaces théoriques de son époque - ou de la nôtre. Il ne sera donc pas question ici de l’enchaînement concret des sentiments, ni du troisième genre de connaissance, ni de l’interprétation de l’Écriture, ni des différents types de gouvernement. Si l’on écarte ainsi la tentation du résumé, on ne le fait qu’en commençant à interpréter.

Ne risque-t-on pas ainsi de déformer ce dont on parle ? C’est possible ; aussi bien, on l’a déjà fait tant de fois : à commencer par l’insulte qui recouvrit le nom de Spinoza aux XVIIe et XVIIIe siècles - on y reviendra. Interprétation de Hegel, aussi, qui tout en saluant en Spinoza un moment inéluctable de la pensée, voulait voir dans les attributs des formes de l’entendement. Interprétation encore de toute la tradition spiritualiste française qui fabrique un Spinoza kantien, cartésien, platonicien... Ajoutons panthéiste et athée, pour faire bonne mesure, et on saisira à quel point lire Spinoza a toujours été plus ou moins synonyme de : le rattacher à quelque chose d’autre, l’absorber à tout prix : le dévorer, pour tout dire.

Quitte à l’interpréter une fois de plus, on tentera, pour changer, la méthode inverse : l’installer dans sa différence, souligner ses contours, montrer qu’il n’est ni cartésien, ni néo-platonicien - qu’on ne peut l’annexer à un autre courant ; il faut le penser dans un espace théorique dont il est peut-être le seul représentant.

Introduction donc à la spécificité de Spinoza : de son système et surtout de la manière de penser qui l’organise.

Table des matières

 Chronologie
 Introduction
 Spinoza l’exclu
 Spinoza et son autre
 La nature de Dieu et ses propriétés
 L’Image, l’Idée
 Désir, passions, raison
 La politique
 Implications
 Textes
 Jugements : stratégie
 Notes — Bibliographie - Illustrations


Spinoza. L’expérience et l’éternité , de Pierre-François Moreau

 Broché : 612 pages
 Éditeur : Presses Universitaires de France - PUF (1 mai 1994)
 Collection : Épiméthée

4è de couverture

« Nous sentons et nous expérimentons que nous sommes éternels. » Cette phrase énigmatique n’est peut-être pas solitaire : elle appelle et suppose pour être comprise toute une problématique spinoziste de l’expérience, peu aperçue mais régissant des pans entiers du système.

L’expérience, c’est d’abord la clef de l’itinéraire par lequel, au début de la Réforme de l’entendement, le narrateur arrache à la vie commune les raisons de chercher le vrai Bien. C’est ensuite, dans les champs de l’histoire (lieu de la fortune), de la langue (lieu de l’usage), des passions (lieu de l’ingenium), le signe de tout ce qui paraît échapper à la Raison sans pourtant la contredire. C’est enfin la présence, en tout homme, d’une conscience de la nécessité au sein même de la finitude.

Ainsi l’étude de l’expérience permet-elle de voir autrement la Raison elle-même ; de comprendre, aussi, la constitution du système qui apparaît comme une réflexion sur les formes et les moyens de la rationalité.

Table de matières

Introduction

Première Partie

CERTITUDO

L’itinéraire de la philosophie

CHAPITRE I. - Le statut du Prologue

1. Le ton : familiarité ; tension, ; singularité ; le tragique
2. La situation : récit de conversion ; protreptique ; un nouveau genre
3. Le registre : autobiographie ; tradition rhétorique ; la cohérence du système : Delbos ; les solutions de Zweerman et Matheron ; l’expérience

CHAPITRE II - Étapes de la certitude : a/ Lecture empiriste, lecture expérientielle. b/ La certitude comme critère
1. Déterminations du certain
2. Les quatre étapes : a/ La jouissance naïve et le donné b/ L’aspiration c/ La tergiversation. d/ La décision
3. Spécificité de la certitude spinozienne

CHAPITRE III. - Vie commune et biens périssables
1. Dimensions et séquences de la vie commune
2. La summa felicitas
3. Haec tria

CHAPITRE IV. - Le vrai bien
1. L’ontologie de la promesse
2. L’ontologie de la menace
3. L’ontologie de la mesure
4. Les transfigurations du vrai bien

CHAPITRE V. - L’animas et l’amour
1. Les opérations de l’animas et leurs résultats : a/ Les trois processus. b/ Les résultats
2. L’amour
3. Le je narratif
4. Impuissance et misère

Annexe : tableau des trois biens et de leurs fonctions

CHAPITRE VI. - Les cercles de l’expérience
1. Le point de butée
2. Le contenu effectif de l’expérience : a/ Description et démonstration b/ Accrochage et point d’impact. c/ Opacité et récurrence. d/ Saturation et totalité
3. Le traité qui ne fut pas écrit

DEUXIÈME PARTIE

EXPERIENTIA

Détermination et champs de l’expérience

CHAPITRE I. - Déterminations et limites de l’expérience
1. La théorie standard
2. Ce que l’expérience n’est pas : a/ L’expérience ne se réduit pas à l’expérience vague. b/ L’expérience n’est pas l’expérimentation c/ L’expérience n’est pas l’expérience mystique.
3. Ce qu’est l’expérience : a/ Les trois fonctions de l’expérience. b/ Les niveaux de l’expérience. c/ Les modalités de l’expérience

CHAPITRE II. - Les champs de l’expérience : le langage
1. Le statut théorique du langage : a/ La critique : mots et adéquation. b/ L’imagination réordonnée. c/ La double image
2. Usage de la vie, usage de la langue : a/ Les noms des passions. b/ L’usage gardien et interprète de la langue. c/ Grammaire et rhétorique. d/ Langue et culture
3. L’Écriture et l’expérience : a/ L’archéologie de l’Écriture. b/ La théologie
4. Le travail du langage
5. Expérience de la parole et liberté de parler

Annexe : questions de terminologie

CHAPITRE III. - Les champs de l’expérience : les passions
1. L’ingenium et les passions : a/ La fonction confirmative : les passions b/ La fonction constitutive : l’ingenium
2. Les passions et l’État : a/ Le temps et le pacte. b/ Fondements de l’État et noyaux passionnels. c/ La continuation de l’état de nature
3. L’ ingenium du peuple et l’âme de l’État : a/ La complexion d’un peuple. b/ L’État comme individu. c/ La racine passionnelle du symbolique et ses effets

CHAPITRE IV. - Les champs de l’expérience : l’histoire
1. La fortune : a/ L’expérience de l’extériorité. b/ Fortune et vertu
2. La fin de l’histoire


Spinoza et le spinozisme, de Pierre-François Moreau.

 Broché : 128 pages
 Editeur : Presses Universitaires de France - PUF (2003)
 Collection : Que sais-je ?

4è de couverture

Spinoza fut attaqué de toute part mais ses positions marquèrent les controverses sur la Bible, le droit naturel et la liberté de conscience ; on retrouve sa trace dans les Lumières, l’idéalisme allemand, le marxisme et la psychanalyse. L’Ethique et le Traité théologico-politique construisent une pensée de la Raison, refusant la finalité, la providence et l’illusion du libre arbitre, une pensée de l’universalité des lois de la nature, de la singularité individuelle, de la liberté de philosopher.

Chez Spinoza, rien n’est au-dessus de l’entendement humain ; l’étendue n’est pas moins divine que la pensée ; le bien et le mal sont relatifs ; l’homme n’est pas un empire dans un empire ; la fin de l’État est la liberté.

Table des matières

Introduction

Chapitre I - La vie
Les faits - Sources et documents - Naître à Amsterdam - Juifs et marranes - Héritages espagnols et portugais - Institutions et conflits - Éducation, rupture, milieux - Collégiants et sociniens - Cartésianisme - Théologie et politique - Dernières années - La culture de Spinoza - Fascination et légendes.

Chapitre II - L’oeuvre
Le Traité de la réforme de l’entendement - Le Court Traité - Les Principia et les Cogitata metaphysica - Le Traité théologico-politique - L’Éthique - Le Traité politique - L’Abrégé de grammaire hébraïque - Les lettres - Quelques textes inauthentiques ou disparus.

Chapitre III - Thèmes et problèmes
Quelques figures - Quelques lieux - Quelques principes - Questions disputées.

Chapitre IV - La réception
La critique du TTP - L’unité de substance - Les influences spinozistes - Panthéisme et cabbalisme - Le néo-spinozisme - Le conflit du panthéisme - La tradition allemande - Le XIXè siècle français - Lectures littéraires - La psychanalyse - Le judaïsme aux XIXè et XXè siècles - La littérature du XXè siècle.

Conclusion
Indications bibliographiques


Problèmes du spinozisme, de Pierre-François Moreau.

 Broché : 204 pages
 Editeur : Librairie Philosophique Vrin (27 avril 2006)
 Collection : Bibliothèque d’histoire de la philosophie

4è de couverture

Lire Spinoza, c’est décrire les lignes de force de son architecture théorique ; analyser les textes essentiels où viennent se nouer les principales difficultés ; insérer sa pensée dans le contexte hors duquel on ne peut déchiffrer son sens et ses enjeux. C’est aussi demeurer attentif à sa dimension controversiale et aux registres de son style, de son lexique et de son argumentation, ainsi qu’aux différents genres d’écriture philosophique qu’il a choisis le dialogue et le traité, la lettre ou l’exégèse, la démonstration mathématique ou le scolie polémique. C’est enfin repérer les écarts significatifs qui marquent la production de son originalité et transforment une culture en interrogation systématisante. Il s’agit alors moins d’exposer une doctrine que de repérer et d’analyser les problèmes d’une philosophie.

Ainsi peuvent prendre sens le rapport de Spinoza à Epicure ou à Descartes ; sa reprise complexe de ce que Tacite dit des Juifs ; sa relation à l’athéisme ou au matérialisme ; l’usage qu’il fait du vocabulaire psychologique ou des textes bibliques traitant des prêtres ou des prophètes ; la signification que prennent sous sa plume des notions comme la lumière naturelle, l’amour, le jugement, le doute ou le martyre.

Table des matières

INTRODUCTION
Lire Spinoza

MATÉRIAUX
 Spinoza et Epicure : la physique - Le statut de la physique -Le contenu de la physique - L’usage de la physique
 Spinoza, Tacite et les Juifs - Les quatre remarques sur le texte du TTP
 Spinoza et Descartes - Mens et intellectus. Le jeune Spinoza devant Descartes - Les Principia de Spinoza

PROBLÈMES
 L’athéisme - La morphologie de l’athéisme - La syntaxe de l’athéisme - La sémantique de l’athéisme
 Le matérialisme
 Langage et pouvoir
 La duperie de soi
 Qu’est-ce que la philosophie ? Spinoza et la pratique de la démarcation

NOTIONS
 Le vocabulaire psychologique de Spinoza
 Le lexique de la première personne - Les deux dimensions de la traduction - La préface du TTP - Les chapitres I et XX
 Les prophètes - Les figures des prophètes - Les prophètes des autres peuples
 Sacerdos, Levita, Pontifex - Les prêtres dans le lexique du Traité théologico-politique
 Lumière naturelle
 L’amour dans le Traité de la réforme de l’entendement
 Le jugement - La suspension du jugement - La détermination du jugement - La variation du jugement
 Le doute
 Le martyre

SOURCES - INDEX NOMINUM - TABLE DES MATIÈRES


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