TRE - 72

  • 18 septembre 2005


Pour diriger donc notre enquête, posons-nous devant les yeux quelque idée vraie dont nous sachions avec la plus haute certitude que l’objet dépend de notre pouvoir de penser et n’a pas d’objet dans la Nature ; c’est dans une idée de cette sorte que nous pourrons plus facilement, comme il suit clairement de ce qui précède, faire notre enquête. Par exemple, pour former le concept d’une sphère, je forge une cause à volonté, à savoir qu’un demi-cercle tourne autour d’un centre et qu’une sphère est comme engendrée par cette rotation. Certes cette idée est vraie et, bien que nous sachions que nulle sphère n’a jamais été engendrée de la sorte dans la Nature, c’est là cependant une perception vraie et le moyen le plus aisé de former le concept d’une sphère. Il faut noter d’ailleurs que cette perception affirme la rotation du demi-cercle ; affirmation qui serait fausse si elle n’était pas jointe au concept de la sphère ou à celui de la cause déterminant le mouvement, c’est-à-dire, parlant absolument, si elle était isolée, car l’esprit en pareil cas se bornerait à affirmer le mouvement du demi-cercle, ce mouvement n’étant ni contenu dans le concept du demi-cercle ni issu de celui de la cause déterminant le mouvement. La fausseté consiste donc en cela seul qu’il est affirmé d’une chose quelque chose qui n’est pas contenu dans le concept que nous avons formé de cette chose, tel le mouvement ou le repos dans le cas du demi-cercle. D’où il suit que les pensées simples ne peuvent pas ne pas être vraies, telle l’idée simple d’un demi-cercle, du mouvement, de la quantité, etc. Ce que ces pensées contiennent d’affirmation atteint, sans les dépasser, les limites du concept ; nous pouvons donc à notre gré, sans avoir d’erreur à craindre, former des idées simples.


Hoc igitur ut investigetur, ideam aliquam veram ob oculos ponamus, cuius obiectum maxime certo scimus a vi nostra cogitandi pendere, nec obiectum aliquod in natura habere ; in tali enim idea, ut ex iam dictis patet, facilius id, quod volumus, investigare poterimus. Ex. gr. ad formandum conceptum globi fingo ad libitum causam, nempe semicirculum circa centrum rotari, et ex rotatione globum quasi oriri. Haec sane idea vera est, et quamvis sciamus nullum in natura globum sic unquam ortum fuisse, est haec tamen vera perceptio et facillimus modus formandi globi conceptum. Iam notandum hanc perceptionem affirmare semicirculum rotari, quae affirmatio falsa esset, si non esset iuncta conceptui globi vel causae talem motum determinantis, sive absolute, si haec affirmatio nuda esset. Nam tum mens tantum tenderet ad affirmandum solum semicirculi motum, qui nec in semicirculi conceptu continetur, nec ex conceptu causae motum determinantis oritur. Quare falsitas in hoc solo consistit, quod aliquid de aliqua re affirmetur, quod in ipsius quem formavimus conceptu non continetur ; ut motus vel quies de semicirculo. Unde sequitur simplices cogitationes non posse non esse veras, ut simplex semicirculi, motus, quantitatis etc. idea. Quicquid hae affirmationis continent, earum adaequat conceptum, nec ultra se extendit. Quare nobis licet ad libitum sine ullo erroris scrupulo ideas simplices formare.