Traité politique, IX, §11

  • 15 mai 2005


Les patriciens de chaque ville nommeront aussi des Consuls qui formeront le Sénat de cette ville. Je ne puis en fixer le nombre et je ne le crois pas nécessaire, puisque les affaires de la ville qui sont d’un grand poids, seront traitées par l’Assemblée suprême de la ville, et que celles qui concernent tout l’État le seront par le grand Sénat. Si d’ailleurs les Consuls sont peu nombreux, il sera nécessaire qu’ils expriment leur avis publiquement dans leur conseil, et non au moyen de boules comme dans les grandes Assemblées. Dans les petites assemblées en effet où l’on use du scrutin secret, ceux qui ont un peu d’astuce arrivent toujours à connaître le vote de chacun de leurs collègues et à tromper de bien des façons ceux qui sont peu attentifs.


Traduction Saisset :

Les Consuls des villes doivent être élus aussi par les patriciens de la même ville dont ils composent en quelque sorte le Sénat. Je n’en puis déterminer le nombre et n’en vois pas d’ailleurs la nécessité, du moment que les affaires de grande importance pour la ville sont traitées par son conseil suprême, et celles qui intéressent l’empire tout entier par le grand Sénat. Mais si les Consuls sont peu nombreux, il faudra que les suffrages soient ouvertement recueillis dans le conseil, et non pas à l’aide de boules comme dans les grandes assemblées. Car dans un conseil peu nombreux, si les suffrages sont secrets, les plus fins devinent aisément l’auteur de chaque suffrage, et abusent de mille façons ceux qui ne sont pas attentifs.


Urbium consules a patriciis etiam eiusdem urbis eligendi sunt, qui veluti senatum illius urbis constituant. Horum autem numerum determinare non possum, nec etiam necesse esse existimo, quandoquidem eiusdem urbis negotia, quae magni ponderis sunt, a supremo eiusdem concilio, et, quae ad universum imperium spectant, a magno senatu peraguntur. Ceterum si pauci fuerint, necesse erit, ut in suo concilio palam suffragia ferant, non autem calculis, ut in magnis conciliis. In parvis enim conciliis, ubi suffragia clam indicantur, qui aliquanto callidior est, facile cuiusque suffragii auctorem noscere, et minus attentiores multis modis eludere potest.

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