TRE - 82

  • 26 septembre 2005


La mémoire acquiert aussi de la force sans le secours de l’entendement, en raison de la vigueur avec laquelle une chose matérielle singulière affecte l’imagination ou le sens appelé commun. Je dis une chose singulière ; car seules les choses singulières affectent l’imagination. Si quelqu’un, par exemple, a lu une seule pièce contenant une histoire d’amour, il la retiendra très bien tant qu’il n’en aura pas lu plusieurs du même genre, parce qu’elle se maintient seule dans son imagination ; mais, s’il y a plusieurs objets du même genre, on les imagine tous à la fois et on les confond aisément. Je dis de plus une chose matérielle, car seuls les corps affectent l’imagination. Puis donc que la mémoire acquiert de la force par l’entendement et sans lui, il s’ensuit qu’elle doit être quelque chose de distinct de l’entendement et qu’à l’égard de l’entendement considéré en lui-même, il n’y a ni mémoire ni oubli.


Corroboratur etiam absque ope intellectus, scilicet a vi, qua imaginatio aut sensus, quem vocant communem, afficitur ab aliqua re singulari corporea. Dico singularem ; imaginatio enim tantum a singularibus afficitur. Nam si quis legerit ex. gr. unam tantum Fabulam amatoriam, eam optime retinebit, quamdiu non legerit plures alias eius generis, quia tum sola viget in imaginatione. Sed si plures sint eiusdem generis, simul omnes imaginamur, et facile confunduntur. Dico etiam corpoream ; nam a solis corporibus afficitur imaginatio. Cum itaque memoria ab intellectu corroboretur, et etiam sine intellectu, inde concluditur, eam quid diversum esse ab intellectu, et circa intellectum in se spectatum nullam dari memoriam, neque oblivionem.


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