EIV - Proposition 13

  • 9 juin 2004

Une affection se rapportant à une chose contingente que nous savons ne pas exister présentement est, toutes choses égales d’ailleurs, plus relâchée qu’une affection se rapportant à une chose passée.

DÉMONSTRATION

En tant que nous imaginons une chose comme contingente, nous ne sommes affectés de l’image d’aucune autre qui pose l’existence de la première (Déf. 3), mais au contraire (suivant l’hypothèse) nous imaginons certaines choses qui en excluent l’existence présente. Quand cependant nous l’imaginons avec une relation au temps passé, nous sommes supposés imaginer quelque chose qui la ramène à la mémoire, ou en éveille l’image (Prop. 18 p. II, avec son Scol.), et fait par suite que nous la considérions comme si elle était présente (Coroll. de la Prop. 17, p. II). Et ainsi (Prop. 9) une affection se rapportant à une chose contingente que nous savons ne pas exister présentement, sera plus relâchée, toutes choses égales d’ailleurs, qu’une affection se rapportant à une chose passée. C.Q.F.D. [*]


Affectus erga rem contingentem quam scimus in præsenti non existere, cæteris paribus remissior est quam affectus erga rem præteritam.

DEMONSTRATIO :

Quatenus rem ut contingentem imaginamur, nulla alterius rei imagine afficimur quæ rei existentiam ponat (per definitionem 3 hujus). Sed contra (secundum hypothesin) quædam imaginamur quæ ejusdem præsentem existentiam secludunt. Verum quatenus eandem cum relatione ad tempus præteritum imaginamur eatenus aliquid imaginari supponimur quod ipsam ad memoriam redigit sive quod rei imaginem excitat (vide propositionem 18 partis II cum ejusdem scholio) ac proinde eatenus efficit ut ipsam ac si præsens esset, contemplemur (per corollarium propositionis 17 partis II) atque adeo (per propositionem 9 hujus) affectus erga rem contingentem quam scimus in præsenti non existere, cæteris paribus remissior erit quam affectus erga rem præteritam. Q.E.D.


[*(Saisset : ) Notre passion pour un objet contingent que nous savons ne pas exister présentement est plus faible, toutes choses égales d’ailleurs, que notre passion pour un objet passé. Démonstration En tant que nous imaginons une chose comme contingente, nous ne sommes affectés de l’image d’aucune autre chose qui pose l’existence de celle-là (par la Déf. 3) ; au contraire (par hypothèse), nous imaginons certaines choses qui excluent l’existence de la chose contingente dont il s’agit. Mais en tant que nous imaginons un objet en relation avec le passé, par là même nous devons imaginer quelque chose qui rappelle cet objet à notre mémoire, c’est-à-dire qui suscite l’image de cet objet (voyez la Propos. 18, part. 2, et son Schol.) et nous le fasse contempler comme présent (par le Coroll. de la Propos. 17, part. 2). Ainsi donc (par la Propos. 9), notre passion pour un objet contingent que nous savons ne pas exister présentement est plus faible, toutes choses égales d’ailleurs, que notre passion pour un objet passé. C. Q. F. D.

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