Clara Wichmann (1885-1922), hollandaise d’origine allemande, précéda de quelques années l’Allemand Fritz Oerter (1869-1935) dans l’élaboration d’une pensée non-violente et libertaire. Bien que ne connaissant pas Gandhi, Clara Wichmann, dépassant l’alternative « ne rien faire ou lutter par les armes », fut une des premières à utiliser le mot de « non-violence » et à concevoir la notion d’action directe non-violente.

Rejetant les termes de « non-résistance » ou de « résistance passive », elle s’ouvrit à une compréhension active de l’action en s’appuyant sur les luttes ouvrières se déroulant en Europe, notamment les grèves de masse de l’époque. Dans Antimilitarisme et violence, elle clarifie sa pensée et s’oppose à un militant anonyme qui se veut tout à la fois antimilitariste et partisan de la violence dans les luttes sociales. Dans La Fin et les moyens, elle s’adresse ensuite aux militants qui veulent ignorer que la fin est contenue dans les moyens. Dans La cruauté escorte le crime et la punition, cette théoricienne de la criminalité développe l’idée qu’il « existe un lien non seulement entre le crime et la société, mais aussi entre la société et la punition : la société se venge par la sanction ». Dans Les Fondements philosophiques du socialisme, est abordée la coexistence du courant libertaire athée et du courant libertaire religieux d’alors. La vie de Clara fut courte. Pour autant, ses écrits sur des sujets aussi variés que l’anarchisme — notamment le syndicalisme révolutionnaire —, le féminisme, la non-violence, la critique du droit de punir, le droit des enfants, le droit des animaux domestiques et la philosophie de l’histoire mériteraient d’être intégralement traduits dans notre langue. Féministe, juriste, pédagogue, elle met en avant une société non capitaliste, non autoritaire et non-violente.